Portrait de Sans-voix #2 : Kshamenk, l’orque la plus maltraitée au monde.

Kshamenk voit le jour dans l’océan. Il vit ses cinq premières années non loin de la Patagonie, vraisemblablement entre la péninsule Valdés et les côtes de la Province de Río Negro. Mais en 1992 tout bascule pour la vie du jeune épaulard. Alors qu’il chasse avec d’autres orques de sa famille au large des côtes de la province de Buenos Aires, Kshamenk ignore encore que ce jour est sans doute le dernier où il pourra jouir de sa liberté.

À ce moment de l’histoire, deux versions s’opposent :  Celle de Mundo Marino & celle des associations Free Willy Keiko & de la Wild Earth Foundation. Je vais donc vous raconter ces deux versions pour que vous puissiez vous faire votre propre avis.

Selon les dires du parc qui détient aujourd’hui Kshamenk, l’orque se serait échouée avec une partie de son Pod sur la côte de la Baie de Samborombón. À cause de la marée descendante, aucun d’eux ne serait parvenus à s’extraire du danger & à rejoindre des eaux plus profondes. Une opération de sauvetage aurait eu lieu, mais n’aurait permis de ne sauver que Kshamenk.

Côté association, l’histoire est tout autre & fait froid dans le dos. Kshamenk & sa famille se seraient en effet échoués, mais le personnel de Mundo Marino ne les auraient pas aidé à atteindre le large. Au contraire, ils auraient déployé des filets pour empêcher les orques d’atteindre les eaux profondes, forçant ainsi, un peu plus l’échouage pour capturer plus facilement les cétacés. Cette méthode a déjà été employée par les employés du parc pour capturer Belen en 1988. Certains témoins aurait affirmé avoir vu le personnel de Mundo Marino relâcher une orque trop lourde pour être déplacée & avoir vu deux autres orques mourir (l’une durant le transport vers le parc, l’autre à son arrivée dans le bassin après s’être cognée violemment la tête contre les parois à plusieurs reprises).

Deux versions qui se contredisent mais qui s’accordent sur un seul point, la seule survie de Kshamenk à ce drame. Mais à quel prix ? 

Durant les premières années de sa vie en prison, Kshamenk partage son minuscule bassin & son quotidien avec Belen (dont je vous parlais plus tôt). Après quelques années, tous deux atteignent la majorité sexuelle & finissent par s’accoupler en 1998. Néanmoins, le bébé de Kshamenk & Belen ne survit pas. S’ensuivra une autre grossesse deux ans plus tard, mais Belen mourra lors du quatrième mois, des suites d’une insuffisance rénale, laissant alors Kshamenk, seul au monde dans sa cellule chlorée où il peut à peine se retourner.

Depuis ce tragique événement, Kshamenk n’a plus côtoyé aucune orque. Il partage parfois son bassin avec quelques dauphins lors de spectacles, mais rien de plus. Kshamenk devient agressif envers ses dresseurs & les autres dauphins dont l’un d’eux a aujourd’hui une « belle cicatrice ». Seule Floppy, une femelle Tursiops trouve grâce à ses yeux, mais encore une fois le sort s’acharne sur la pauvre orque. Mundo Marino lui arrache la seule compagnie qui lui eût été agréable

Entre temps, le parc veut profiter de l’orque mâle & de ses gènes tant convoîtés. À travers un programme de reproduction artificielle, Kshamenk permet à Kasatka (prisonnière à Seaworld) de donner naissance à Makani en 2013 & devient la même année, le père de Kamea, née à Seaworld San Diego.

Ces 24 ans de captivité lui ont laissé de grands traumatismes. Kshamenk déprime, est sexuellement frustré & ne coopère presque plus lors des représentations. L’épaulard âgé de 29 ans est fatigué psychologiquement & physiquement alors qu’il serait dans la pleine force de l’âge s’il vivait encore à l’état sauvage. Alors qu’autrefois il parvenait à atteindre des objets en hauteur, aujourd’hui cela lui semble impossible. Kshamenk n’est plus que l’ombre de lui-même

Il est donc plus qu’urgent de faire bouger les choses pour la seule orque détenue en Argentine. Pour cela, parlez de son histoire autour de vous, signez & diffusez la pétition pour demander la réhabilitation de celui qu’on nomme tristement « l’orque la plus maltraitée au monde ».

Pour faciliter la diffusion de son histoire, l’association C’est Assez & moi-même avons réalisé ce court clip vidéo (une version anglaise est par ailleurs disponible ICI).


Un immense merci à Audrey pour ses recherches sur Kshamenk avec les associations locales & pour m’avoir proposée ce projet vidéo. N’hésitez pas à voir son article qui regorge d’informations que je n’ai pas pu donner dans ce portrait (notamment sur la captivité animale au sens large en Argentine).

Sources & supplément d’infos : 

« Kshamenk, l’autre orque solitaire : sa vie est un enfer » sur le site de C’est Assez : ICI

« Pétition : pour la réhabilitation urgente de l’orque Kshamenk » sur le site de C’est Assez : ICI

« Kshamenk, la dernière orque captive d’Argentine » sur le site de La Dolphin Connection : ICI

Phototèque de Kshamenk : ICI

5 réflexions sur “Portrait de Sans-voix #2 : Kshamenk, l’orque la plus maltraitée au monde.

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