Portrait de Sans-voix #5 : Arturo, l’ours le plus triste du monde.

Les ours blancs, sont les rois du cercle polaire arctique. Ce mammifère, l’un des plus gros carnivores terrestres, est au sommet de sa pyramide alimentaire. Pourtant à des milliers de kilomètres de la banquise, certains rois se voient déchus de leurs terres immaculées…C’est le cas d’Arturo.

Arturo n’a jamais connu l’hiver glacial & les étendues sauvages du cercle polaire. Non. Arturo voit le jour, avec sa soeur, le 23 Novembre 1985 dans le Zoo de Buffalo dans l’Etat de New-York. Il vit en famille avec sa mère & sa soeur, mais en Août 1986, à 10 mois seulement, Arturo est vendu au Zoo de Fresno Chaffee. Direction la Californie donc, pour le pauvre ours blanc qui n’est encore qu’un bébé. À Fresno, Arturo supporte mal les températures de cette région proche du désert de Mojave & passe ses journées dans la piscine de son enclos à jouer avec un barril de bière. Son pelage tourne littéralement au vert à cause du climat qui conduit à la prolifération d’algues dans ses follicules pileux .

En 1993, le Zoo de Fresno n’arrive plus à assumer Arturo, devenu, avec ses plus de 400kgs bien trop grand pour son enclos. Une décision s’impose : Arturo doit partir, mais où ? L’ours alors âgé de 8 ans, est finalement donné au Zoo de Mendoza, en Argentine. Difficile d’imaginer un ours polaire vivant dans une région avoisinant les 40°c l’été, pourtant c’est bien là qu’Arturo passera désormais sa vie & il ne vivra pas ce calvaire seul. : Le Zoo de Mendoza lui réserve la compagnie de Pelusa, une ourse venue d’un zoo allemand & avec laquelle l’équipe espère bien qu’Artuto pourra se reproduire.

Et malgré la relation tumultueuse qu’entretiennent les deux ursidés, les attentes de l’équipe de Mendoza payent… à moitié. Par cinq fois le couple arrangé mettra au monde une progéniture. Des oursons qui ne dépasseront jamais la première année d’existence. Et ces nombreuses morts prématurées ne seront pas les seules drames que les deux ours emprisonnés devront affronter. En effet, Pelusa souffre de mycoses & se voit obligée d’être régulièrement aspergée de spray antibiotique, ce qui altère temporairement la couleur de son pelage, au point d’être surnommée « l’ourse polaire violette ». Puis, elle se bat contre un cancer qui finit par l’emporter en 2012, laissant Arturo désormais seul.

Une solitude qui le poussera un peu plus vers une dépression qui finalement, ne l’avait sans doute jamais quitté. L’état d’Arturo interroge & inquiète les défenseurs de la cause animale, & la diffusion sur les réseaux sociaux d’une photo où on le voit affalé, complètement amorphe sous la chaleur du soleil argentin lui vaut alors le tragique surnom de « l’ours le plus triste du monde ». C’est le déclic ; de nombreuses pétitions sont mises en ligne afin de reccueillir le maximum de signatures à travers le monde. Il faut sortir Arturo de cet enfer ! Surtout qu’il n’est pas la seule victime du Zoo de Mendoza. L’établissement avait en effet du fermer ses portes suite aux décès de 64 de ses animaux à cause de la présence de bactéries & des conditions de confinement de certaines espèces.

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Greenpeace décide de prendre le cas Arturo en charge en 2014 & va réiterer les demandes de transfert vers l’ Assiniboine Park Zoo (Canada) où le climat lui serait déjà plus propice. Néanmoins, malgré toutes les tentatives (jusqu’à s’adresser à la Présidente de la Nation Argentine), la demande de transfert est un échec. La raison invoquée ? Arturo serait trop vieux pour subir un voyage sous sédatif aussi long. De plus le Zoo dément tout signe de dépression chez l’ours :

« Il n’est pas dépressif. Il est juste devenu très strict & très routinier. Il mange, joue & dort aux mêmes heures chaque jour. Vous ne pouvez même pas décaler quoique ce soit de 20 minutes au risque de le fâcher ».

Gustavo Pronotto, Directeur du Zoo de Mendoza 

Cependant, Arturo dépérit un peu plus chaque jour jusqu’à ce 3 Juillet 2016, où il rejoint Pelusa qui l’avait quitté 4 ans plus tôt. A l’aube de ses 31 ans, Arturo était l’un des ours les plus vieux détenus en captivité, mais à quel prix ? Selon l’autopsie officielle, Artuto aurait succombé à une défaillance générale de son organisme, mais ce qu’il faut retenir surtout, c’est qu’aucun ours blanc ne peut survivre en captivité dans un climat si loin de celui pour lequel la nature l’a formé.

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Aujourd’hui le Zoo de Mendoza a définitivement fermé ses portes.

 


Sources & supplément d’infos : 

Wikipédia sur l’Ours blanc : ICI

« Artuto, l’ours polaire le plus triste au monde est mort en Argentine » sur Maxisciences : ICI

« Mort de l’ours de plus triste du monde » sur Mail Online : ICI (anglais)

« Une triste fin pour l’ours le plus seul au monde » sur Maclean’s : ICI (anglais)

« Ours polaire violet » sur Animal-Posts : ICI (anglais)

« Le Zoo de Buenos Aires ferme : « la captivité est dégradante » » sur Reinformation.Tv : ICI

6 réflexions sur “Portrait de Sans-voix #5 : Arturo, l’ours le plus triste du monde.

  1. Au moins une excellente nouvelle dans ce triste article, la fermeture de cet enfer !!
    Une telle histoire est tellement… affligeante… comme toutes les autres 😥 Au moins ses souffrances sont terminées…

    Aimé par 1 personne

    • Oui c’est finalement la seule chose positive : la fermeture de ce mouroir qui a mis fin à la souffrance de pas mal d’animaux (en tout cas je l’espère car j’ai pas trouvé d’info sur les transferts des animaux du zoo).

      Bises,
      Marion

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